Tribune

La digitalisation des établissements pour personnes âgées, ou la double opportunité de renforcer l’accès aux divertissements 

11 mai 2023

La période COVID a entrainé un essor de ces technologies dans le but d’entretenir les interactions avec les familles et de renforcer les liens sociaux des résidents. Et ce alors que le contexte en établissement imposait de multiples restrictions : limitation des visites, arrêt des activités collectives, sorties restreintes, etc.  

Cependant, cette digitalisation du quotidien des seniors dans les établissements de santé ne se limite pas aux facilités de communication. Elle peut par ailleurs se concevoir comme un atout pour repenser l’accès aux divertissements et représente à ce titre une double opportunité : pour le quotidien des résidents et pour l’image de marque de l’établissement

Le digital appliqué aux divertissements, nouvelle composante du quotidien des résidents 

L’animation, les sorties et divertissements proposés dans les établissements sont un argument majeur, mis en avant lors du choix d’un établissement. Que cette offre de services soit présentée directement aux résidents ou à leurs proches.  

Cette double cible de communication, un senior et les personnes qui l’entourent (souvent plus jeunes), explique l’appétence pour les objets connectés et la digitalisation. Le résident verra son quotidien favorablement impacté. Qu’il s’agisse de la capacité à échanger en visioconférence pour prendre des nouvelles, avoir accès à des programmes à la demande (plateformes de streaming), ou pouvoir consulter depuis sa télévision les informations et activités proposées par sa résidence. Le digital appliqué aux divertissements peut se décliner de bien des manières pour accompagner le quotidien de nos aînés. 

Dans certains cas, il peut même être associé à une démarche paramédicale : par exemple, profiter de la réalité virtuelle pour essayer de réduire les angoisses de certains résidents, ou encore stimuler les sens et encourager les interactions entre résidents et/ou avec des soignants et animateurs. Le Metavers, encore balbutiant, est également très prometteur et permettra entre autres, à ses utilisateurs de visiter virtuellement des lieux ‘accompagné’ de proches ou de d’autres résidents avec lesquels il sera possible d’interagir et de partager l’instant.  

Cette nouvelle donne du divertissement dans les établissements doit cependant s’accompagner d’une double réflexion : 

  • à la fois générationnelle atour du digital, et idéalement projetée sur les services qu’il faudra déployer dans les établissements à moyen terme, 
  • et liée à l’accessibilité du service : les rapports au digital, troubles (cognitifs, visuels, auditifs…) éventuels des résidents, etc. 

Et ce, afin de s’assurer que l’offre proposée est toujours pertinente pour les populations accueillies et leurs proches. 

Finalement, qu’il s’agisse d’un long séjour en EHPAD, en Résidence services, ou d’un accueil plus ponctuel en SMR2 (anciennement SSR3), renforcer les services digitaux s’avère de plus en plus crucial. Que ce soit dans une logique de proposition d’offre de services de la part de l’établissement (impossible demain de proposer un établissement sans WIFI aux « nouveaux seniors ») et/ou d’amélioration du confort des résidents. 

Divertissement et digital, une opportunité de différenciation pour les établissements 

Développer une offre de services digitale permet également pour un établissement comme pour un groupe de s’ancrer dans une logique d’innovation, de pouvoir communiquer sur ces nouvelles fonctionnalités et de créer un réel attrait pour l’établissement auprès des familles, comme des prescripteurs. Ce n’est pas un hasard si la majorité des groupes privés médico-sociaux positionnent aujourd’hui l’innovation digitale au cœur de leur stratégie de développement. Cette communication nouvelle permet par ailleurs d’améliorer l’image des établissements, écornée suite à différents scandales. 

Le positionnement d’un établissement en faveur de l’innovation et autour d’un divertissement renouvelé gagne donc tout son sens, pour gagner de nouveaux résidents et se différencier par rapport à d’autres structures. Le divertissement digital contribue ainsi à soutenir le taux d’occupation d’un établissement. 

Concernant l’impact prix, des divertissements digitaux peuvent être perçus comme une opportunité pour développer du CA annexe, en rendant monétisables certaines offres de services Premium. Ou à l’inverse, ils peuvent être inclus dans le prix d’hébergement et venir justifier les niveaux de certains tarifs. Là encore, tout est question de stratégie, de positionnement d’établissement et de réflexion autour du renouvellement de l’offre de services. 

Repenser l’offre de divertissements, les règles à respecter  ! 

Afin de bénéficier de la logique de double opportunité (résidents et établissements) que peut représenter la mise en place d’une offre de services digitaux, nous considérons chez Maestis que 4 règles indispensables sont à respecter lorsque nous accompagnons des établissements de santé sur ce type de transformation : 

  • Inclure les résidents en investiguant leurs envies, au-delà de leurs besoins. Les enquêtes de satisfaction ou encore les focus groups sont d’excellents moyens d’ouvrir la discussion et d’innover en matière de divertissement. 
  • Embarquer les collaborateurs pour stimuler la capacité d’innovation de toute l’organisation et transformer sa culture. Cela nécessite toutefois une réflexion intégrée et plus globale au sein de l’établissement (le cas échéant du groupe d’établissements) sur les modèles d’organisation, l’expérience collaborateur et l’acculturation à l’innovation à tous les niveaux de l’organisation.  
  • Capitaliser sur des établissements pilotes afin d’inscrire le processus dans une logique de « test and learn » et de limiter l’impact temps pour les équipes. Le déploiement pourra ensuite s’appuyer sur une feuille de route pragmatique pour s’adapter au caractère hétérogène du réseau (taille des établissements, densité du territoire, etc.) par exemple via l’application de l’article 51 de la LFSS 2018 4
  • Miser sur les start-ups et les technologies innovantes en faisant appel à des partenaires, start-ups et experts de la conduite de pilotes. A moyen terme, l’avantage de la collaboration avec une start-up peut être double : identifier une innovation récente, et permettre une réelle accélération dans la mise en œuvre de pilotes et passages à l’échelle.  

1 EHPAD : établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.

2 SMR : Soins médicaux et de réadaptation 

3 SSR : Soins de suite et de réadaptation 

4 https://sante.gouv.fr/systeme-de-sante/parcours-des-patients-et-des-usagers/article-51-lfss-2018-innovations-organisationnelles-pour-la-transformation-du/article-51 

Le nombre d’objets connectés dans les établissements d’accueil de personnes âgées a explosé au cours des dix dernières années, qu’il s’agisse de structures à destination de populations autonomes (résidences services) ou plus dépendantes (EHPAD1).

Même si la technologie ne remplacera jamais l’importance des rapports humains, notamment dans le secteur médico-social, une transformation digitale aboutie peut permettre de contribuer à améliorer le quotidien des séniors et à soutenir la stratégie des établissements. Un plus qui ne fait pas tout mais qui contribue à la qualité de services des établissements et au bien vieillir !

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